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puis que parmy tant de divers evenemens, il vous a non seulement conservé l’un pour l’autre, mais en fin vous a liez ensemble d’une mutuelle affection.

L’amitié d’Hylas et de Stelle se commenca de cette sorte. Au commencement par jeu, mais en fin elle continua à bon escient, car Stelle estoit une fort agreable bergere, et qui avoit un esprit vif, et Hylas, de son costé, estoit de la plus douce compagnie qu’on peust imaginer, et leurs conditions estoient si favorables, et pour le serviteur et pour la maistresse, qu’il n’y avoit rien qui leur peust rapporter le moindre mescontentement ; de sorte que peu à peu vivant avec cette franchise, ils conceurent, et l’un et l’autre, une amitié plus grande qu’ils n’avoient pensé, ny jamais ressenty pour quelqu’autre subject qui se fust presenté devant leurs yeux.

Cependant le disner estant prest, et les tables dressées à l’ombrage du bois, et le plus pres de la fontaine que la commodité du lieu leur avoit permis, toute la troupe s’assit. Il est vray que les Vacies, Bardes, Sarronides, Eubages et Druides se mirent à une table separée, où ils mangerent ce qui leur appartenoit du sacrifice ; mais Adamas, pour rendre plus d’honneur à Daphnide et à Alcidon, mangea d’un autre costé avec eux, et avec le reste des bergers et bergeres qui estoient restez en ce lieu. Tant que le repas dura, l’on ne parla que des raretez de ce lieu, et de la saincteté