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moy, dit Hylas, j’y consents, et pour Stelle, et pour moy. – Et moy, adjousta Silvandre, je n’y consents pas seulement, mais je l’en supplie et conjure. – Dites-moy donc, Hylas, reprit le druide, pourquoy voulez- vous que Silvandre soit mis pour tesmoing de vos conditions, et pour autheur de celle que vous y voulez adjouster ? – Parce, respondit Hylas, que j’ayme la verité et que je ne suis point ingrat. Or la verité est, qu’il est tesmoing des conditions que Stelle et moy avons faictes, et que nous ayant donné ce bon advis, nous serions ingrats si nous ne recognoissions de le tenir de luy. – Et vous, Silvandre, que respondez-vous au contraire ? dit Adamas. – Je dis, adjousta Silvandre, qu’encore que je sois present, toutesfois je ne veux pas estre tesmoing, et que par raison je n’y puis estre contrainct. Car le grand Tautates n’est-il pas partout ? et toutesfois, quand l’on faict quelque meschanceté, le prend-on pour tesmoing ? – Et pourquoy, interrompit Hylas, ne seroit-il pas tesmoing ? – Parce, dit-il, qu’il en doit estre juge, et chastier telles meschancetez ; de mesme je ne puis pas estre tesmoing. – Si ne seras-tu pas aussi nostre juge, reprit Hylas, car nous aurions assez de cause pour recuser ton jugement. – Si je n’en suis le juge, continua Silvandre, j’en seray l’accusateur, ce que je ne pourrois pas estre, si j’estois tesmoing. Et quant à l’ingratitude de laquelle il parle, elle seroit