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de leurs mains, ils virent entrer un homme que la venerable Chrisante recogneut incontinent pour estre de la maison d’Amasis, qui la vint advertir de sa part, que sa maistresse venoit coucher chez elle, pour faire le lendemain un sacrifice aux dieux infemaux, à cause de quelque fascheux songe qu’elle avoit fait. Ce message fut cause qu’Hylas pressa encore d’avantage, voyant que la venerable Chrysante ne pouvoit estre de la partie, et son importunité fut telle que ces belles bergeres furent forcées de partir plustost qu’elles n’eussent fait, quoy que le desir d’Astrée fut assez grand pour la convier de se haster ; mais sa discretion luy faisoit dissimuler ce que la franchise d’Hylas ne luy permettoit pas de pouvoir faire. Ayant donc pris congé, elles se mirent en chemin, accompagnées de ces gentils bergers ; et parce que quelquefois les sentiers estoient estroits, chacun prit à conduire celle qui luy estoit la plus agreable, horsmis Silvandre, qui par respect avoit esté contraint de quitter Diane à Paris. Et d’autant que Phillis avoit esté priée de Diane, de ne la point laisser seule aupres de luy, de crainte qu’il ne revinst aux mesmes discours de son affection, que quelques jours auparavant il luy avoit tenus, toutes les fois que le chemin le pouvoit permettre, Phillis prenoit Diane de l’autre bras, et mesloit le plus qu’elle pouvoit ses discours parmy