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pureté de mon amour ; et à la verité, j’eslirois aussi-tost la mort, que de permettre que l’on vist de semblables conditions avec l’escriture de Silvandre. – Non, non, trop scrupuleux amant, dit Hylas, ne t’excuse point de ceste peine, je t’en descharge fort librement ; aussi la veritable amour qui doit estre entre ceste bergere et moy, ne sçauroit supporter qu’une personne de si differente humeur fust secretaire de ses ordonnances.

Corilas qui avoit ouy tout ce discours, et qui desiroit infiniment de voir Hylas et Stelle liez ensemble d’affection, luy semblant que deux personnes plus semblables ne se pouvoient jamais assembler : Donne-moy, Hylas, ceste charge, dit-il, et sois certain que je n’escriray que ce que tu accorderas. Et vous, Stelle, vous n’en devez point faire de difficulté, puis que vous sçavez bien que j’entends assez vostre langage, pour ne vous faire pas redire deux fois un mesme mot.

Et ayans tous deux consenty, prenant la plume et le papier, il s’assit en terre, et escrivit sur ses genoux les articles qui s’ensuivent, lors toutesfois que tous deux estoient bien d’accord.