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bergers de Lignon ? Non, non, ma maistresse, sçachez que j’ay le cœur dans la bouche, et que toutes mes paroles sont tres-veritables, et de fait, ne voyez vous pas que soudain que je n’ay plus aymé Alexis, je le luy ay dit ? – Je croiray de vous, continua la bergere, tout ce que vous m’en dites, et plus encores s’il s’en peut. Mais puis qu’il est ainsi, je veux que de mesme vous en croyez autant de moy, et afin que nous vivions avec du contentement, je desire que nous fassions des conditions ensemble, lesquelles nous serons obligez d’observer, et que nous appellerons loix d’Amour. Et parce que je veux que vous puissiez vous en souvenir, et moy aussi, il faut que nous les mettions par escrit, de sorte qu’avant que nous fassions l’entiere resolution de nous aymer, je suis d’advis que nous ayons du papier et une escritoire. – Ma future maistresse, dit Hylas, c’est ainsi que vous voulez que je vous appelle, jusques à ce que nous ayons passé nos conditions par escrit, je prevois tant de contentement de nostre future amitié, que je ne voudrois pas dilayer d’avantage ; et si j’ay bonne memoire, il y doit avoir à ceste porte une escritoire, quant à du papier, j’en trouveray bien assez dans ma panetiere. Je vous supplie, mettons la main à l’œuvre. Et à ce mot, il s’en courut à la porte du temple, où il trouva celuy avec lequel il avoit falsifié les loix d’amour, et lequel il avoit