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grand qu’il me puisse payer la despense qu’il faut que je fasse en ce voyage. – Ah ! mon serviteur, dit la druide, je voy bien que vous m’allez eschapper, et que je ne vous tiens gueres plus. – Vous n’avez jamais faict paroistre d’avoir tant de cognoissance, dit-il, qu’à ce que vous dites maintenant ; car il est vray que s’il y a quelque courtoisie en vous pour les services que vous avez receus de moy, permettez que je vous baise ou la main ou la robe. – Encores, respondit Alexis, que j’aye beaucoup de regret que vous me quittiez, et que les loix des druides soient en quelque sorte contraires à ce que vous me demandez, si ne veux-je point que le gentil Hylas se separe d’avec moy, sans en avoir eu ce qu’il en a demandé, et pource je vous permets et ma main et ma robbe. A ce mot, Hylas se jettant à genoux : Et moy, dit-il, je recois ceste faveur pour tesmoignage de l’estime que je fais d’Alexis comme de la plus parfaicte en qualité de druide qui fut jamais.

Et luy ayant baisé et la main et la robbe, il s’en courut vers Stelle, à laquelle prenant la main : C’est à vous, belle bergere, dit-il ; à qui je viens offrir toutes les faveurs qu’amour m’a faict obtenir de toutes celles que j’ay aymées ; et afin que vous ne croyez pas que j’en sois pauvre, recevez en premier lieu ces deux baisers que ceste belle druide m’a donnez. – Si les autres,