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s’estoit assemblée autour d’eux pour ouyr cette plaisante dispute, et entre les autres Stelle y estoit accourue qui, s’oyant nommer et sçachant que c’estoit pour elle que Hylas parloit ainsi : Madame, dit-elle, s’addressant à Alexis, consentez seulement que Hylas me serve, car ce sera vostre advantage, puis qu’ayant recogneu mon peu de valeur, il fera beaucoup plus d’estime de vostre mérite. – Belle et courtoise bergere, respondit Alexis, j’aurois peur qu’il n’en advinst au contraire. – Puis, adjousta Stelle, que j’ay le courage d’entrer en cette preuve, il me semble que vous, madame, qui avez tant d’advantage par dessus moy, n’en devez pas faire difficulté. – Toutesfois, reprit Alexis, quand Silvandre luy a demandé que c’est qu’il pourroit reprendre en moy, il y a trouvé du defaut et de vous il n’a sceu que dire. – C’est peut-estre, respondit la bergere, qu’il trouvoit trop de choses à desappreuver. – Non, non, adjousta Alexis, c’est que l’amour a de coustume de boucher les yeux à ceux qui aiment bien. – En fin, interrompit Hylas, en quoy se conclurra tout ce long discours ?

Alexis qui se contentoit des importunitez que l’affection d’Hylas luy avoit rapportées, l’empeschant bien souvent de parler, et de demeurer seule avec Astrée, et prevoyant qu’avec le temps elle pourroit encores l’incommoder d’advantage, elle pensa qu’il estoit bien temps de s’en défaire, mesme que la raison qui