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continua le berger. – Qu’elle a perdu, respondit Hylas, ce qui la faisoit estimer plus belle. – Et de Laonice, qu’en diras-tu ? dit Silvandre. – Que je ne l’ayme plus. – Et de Madonte ? dit le berger. – Qu’elle ressemble trop à Diane, respondit-il. – O dieux ! s’escria Silvandre, est-il possible que je ne puisse proposer personne où tu ne trouves quelque chose à redire ? – Vous avez oublié, dict alors Diane, parmy nous la bergere Stelle. – Il est vray, reprit Silvandre, et que veux-tu dire de celle-là ? – J’avoue, dit alors Hylas, que si ceste bergere continue à me plaire comme elle a faict depuis ce matin, je la trouveray bien à mon gré. – Comment, mon serviteur, dit incontinent Alexis, et me voudriez-vous bien quitter pour elle ?

Hylas, apres avoir quelque temps pensé en luy-mesme, respondit froidement : Ma maistresse, je ne vous veux pas quitter, mais je pourrois bien vous donner compagnie. – Comment ? reprit Alexis, vous ne vous contentez pas de moy ? je me plaindray de vous à tout le monde. – Vous aurez tort, respondit Hylas, car ne m’avez-vous pas dit que vous vouliez que la loy fust esgale entre nous ? – II est certain, repliqua Alexis. – Or, si elle doit estre esgale, reprit-il, il me doit bien estre permis en vous aymant, d’en aymer encore une autre, puis que vous en faictes de mesme. – Et qui voyez-vous que j’ayme, dit-elle, sinon vous ? – Et qu’est-ce, respondit-il, que vous faictes