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D’abord qu’Alexis le vit, ne sçachant pourquoy il ne les avoit suivies : Et que faictes-vous icy, mon serviteur, luy dit-elle, cependant que nous venons de voir le plus beau lieu qui soit en ceste contrée ? – Ma maistresse, respondit-il, j’ay pensé que je vous donnerois plus de desir de me revoir, quand je vous priverois pour quelque temps de ma veue. – Il ne faut point, repliqua-t’elle, que vous usiez de cet artifice, car je ne sçaurois le desirer plus que je fais continuellement. – Si cela estoit, reprit Hylas, vous fussiez demeurée icy aupres de moy, et n’eussiez pas preferé la curiosité de visiter ce lieu champestre au contentement que vous pouvez recevoir d’estre aupres d’Hylas. – Je pensois, adjousta Alexis en sousriant, que mon serviteur estoit si religieux envers les deitez bocageres, qu’il seroit des premiers et des plus avancez aupres de leurs autels ; et le croyant desja bien avant dedans ce temple, je l’y suis allé chercher. – Si vous ne me cediez point autant en affection, dit Hylas, que vous me devancez en merite, vous eussiez bien pris garde que j’estois demeuré à la porte, puis que j’ay bien veu quand vous estes entrée dedans. – Et vous, mon serviteur, dit incontinent la druide, ne me permettez-vous pas de vous reprocher que, si vous aviez autant de bonne volonté pour moy que j’en ay pour vous, puis que vous avez veu que j’allois dans ce lieu sacré, vous m’y eussiez suivie, comme tres-volontiers je