Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/841

Cette page n’a pas encore été corrigée

vers celle où vous allez, pourquoy ne m’en rapportez-vous des nouvelles, afin de conserver la vie de celuy de qui vous naissez ?

V

Souspirs, qui naissiez autrefois dans l’excez de mon contentement, comment prenez-vous à ceste heure naissance dans le plus fort accez de mes desplaisirs ?

VI

Souspirs, les tesmoings d’une ame qui desire, comment sortez-vous de mon cœur, puis que tous mes espoirs estans perdus, tous mes desirs doivent estre estouffez !


Mal aysément ces belles bergeres eussent peu laisser un seul de ces rouleaux qui estoient sur les autels, sans les desployer et les lire, si Adamas qui alloit declarant à Daphnide et à Alcidon les secrets du temple de l’Amitié et de celuy de la déesse Astrée ne les eust interrompues. Elles donc, pour luy faire place, sortirent hors de ce lieu, et encores que personne de la troupe n’en peust sçavoir plus de nouvelles qu’Alexis, si est-ce qu’il n’y en avoit pas une qui en fist plus l’estonnée, leur demandant fort curieusement toutes les moindres choses qu’elle y voyoit.

Estans sorties, elles trouverent Hylas pres de la fontaine, qui s’y estoit assis pour ne vouloir non plus entrer dedans ce temple à cette fois qu’à la premiere.