Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/838

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui par malheur se noya. – En quel lieu, adjousta Alexis, et comment ? – Ce fut, interrompit Astrée, dans le mal-heureux Lignon. Mais parlons d’autre chose, et voyons ces autres rouleaux.

Et prenant d’entre les mains de Daphnis celuy qu’elle commençoit de desployer, elle trouva que c’estoient des vers, et toutesfois escrits d’une autre main ; et parce que le caractere estoit assez difficile, elle les remit à Diane, qui les leut tout haut. Ils estoient tels.



Sonnet

Que nul ne se peut empescher d’aymer Celadon.

Attaint jusques au cœur d’outrage et de desdain,
Pendant que Celadon alloit faisant la plainte
Qu’il avait si long-temps en son ame contrainte,
Une nymphe grava ces regrets de sa main.

Si ce gentil berger arrousant son beau sein
De ses pleurs les tesmoins d’une amitié non feinte,
Celle dont il se deult de pitié n’est atteinte,
Qu’Amour ses feux esteigne, il les allume en vain.