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croyance, et en nos sacrifices. Cependant qu’Adamas parloit de ceste sorte avec Daphnide et Alcidon, leur descouvrant les plus secrets mysteres de sa religion,

Astrée tenant sous les bras Alexis, luy alloit monstrant toutes les raretez de ce temple qu’elle avoit veues avant que la bergere, et que toutesfois elle feignoit d’admirer. Et mesme, quand Phillis luy dit que ce temple avoit esté faict d’une main incogneue, et qu’il n’y avoit berger en toute la contrée qui sceust celuy qui y avoit travaillé. – Si est-ce, respondit Alexis, que cet œuvre n’est pas le travail d’un jour. – Et toutesfois, respondit Astrée, jamais personne ne s’en est pris garde, qu’il n’ait esté parachevé comme vous le voyez. – Mais, madame, continua-t’elle, dites-moy, je vous supplie, estes-vous de la mesme opinion que nous sommes ? considerez un peu la peinture de la déesse Astrée, à qui diriez-vous qu’elle ressemble ? – A la plus belle bergere du monde, respondit Alexis. – Vous n’estes donc pas, reprit Astrée, de l’opinion de nous toutes, car ces bergeres m’asseurent, et quant à moy, il me semble qu’elles ont bien quelque raison, que ce visage a beaucoup du mien. – Il est tres-certain, repliqua Alexis, et je le dis bien aussi comme vous, car il est vray que ce portraict semble avoir esté pris sur vostre visage, et que cela ne vous empesche pas d’estre la plus belle bergere du monde. – Je reçois cette