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de bergers,et de bergeres, avec les vacies, eubages, bardes, sarronides et druides des lieux circonvoisins, et toutes les choses prestes qui estoient necessaires au sacrifice. Entre les pasteurs qui s’y estoient assemblez, le prudent Phocion et le sage Diamis estoient recommandables pour leur venerable vieillesse, Amintor aussi, nepveu de Filidas, s’y trouva.

Et de fortune, Daphnis, la chere amie de Diane estant le soir auparavant arrivée avec Callirée, ne voulut faillir de s’y trouver, tant pour assister à ce sacrifice, que pour veoir tant plustost sa chere compagne, de laquelle elle avoit demeuré fort long temps absente. D’aussi loing qu’elles se recogneurent, laissans toute la compagnie, elles coururent les bras ouverts, et s’embrasserent avec un si grand contentement qu’elles firent bien paroistre l’absence n’avoir eu guere de pouvoir sur l’affection qu’elles se portoient, et apres s’estre quelque temps tenues de ceste sorte, et apres s’estre reprises par deux ou trois fois, Astrée et Phillis, qui survindrent, les contraignirent de se separer, afin de participer aux caresses qu’elles se faisoient. – Voyez, ma compagne, luy dit Diane, ce que j’ay acquis depuis que vous ne m’avez veue : voicy deux autres Daphnis que j’ayme comme ma vie, et que je veux que vous aymiez aussi, estant tres-asseurée que pour vos merites, et pour l’amour de moy, elles vous aimeront comme vous m’aimez.