Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/826

Cette page n’a pas encore été corrigée

entendre. – Je l’ay bien jugé ainsi, dit Adamas, parce que le sacrifice que nous allions faire n’est pas tel qu’il la puisse convier d’y assister, n’estant qu’un petit remerciement que ces bergeres font, attendant que le sixiesme de la lune de juillet, ils fassent le sacrifice solemnel en cueillant le Guy, et auquel alors ils prendront la hardiesse de la supplier de vouloir leur faire l’honneur d’y assister. Tu luy diras donc, Lerindas, que la briefveté du temps et le peu solennel sacrifice que nous allons faire, luy doit oster la volonté d’y venir, et que toutes ces belles bergeres ne me dédiront pas de ce que je t’ay promis.

Astrée alors prenant la parole : Je m’asseure, mon pere, dit-elle, que nulle de nous ne vous dédira jamais, et principalement pour aller rendre un devoir, auquel la nature et nostre naissance nous oblige. – Vous avez raison, Astrée, reprit le messager, de respondre pour toutes, car je croy que vous, et Diane, estes les deux qu’elle desire le plus de voir, mais vous sur toutes. – Si nous eussions pensé, adjousta Diane, que nos noms eussent esté si heureux que d’estre cogneus d’une si grande nymphe, il y a longtemps que nous eussions satisfait à ce devoir. – Vos noms et vos beautez, dit Lerindas, ne se peuvent cacher dans ces bois solitaires, et j’advoue que je pense avoir esté en partie cause du desir qu’elle a de vous veoir, luy ayant dit ce que j’en ay veu. – Elle vous croira pour homme qui se cognoist peu en