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celles qui estoient chargées des choses necessaires pour le sacrifice ; car celle qui portoit le faisseau de verveine le posa à main gauche sur l’autel, où le feu estoit tousjours allumé et gardé nuict et jour par deux vestales, parce que quand il s’esteignoit, elles croyoient qu’il leur devoit arriver quelque grand desastre, et la vestale qui estoit en garde estoit rudement chastiée par le pontife, et puis on le r’allumoit, non à d’autres feux materiels, mais aux rayons du soleil, qui ramassez en des vases de verre, faisoient prendre ce feu qu’ils nommoient sacré. L’autre vestale qui portoit les fleurs et les fruicts, les posa sur l’arc de marbre, dont nous avons parlé, et les autres quatre demeurerent debout devant la maxime, qui alors se prosternant devant l’autel s’accusa à haute voix de ses fautes, puis advoua qu’elle n’oseroit approcher le sainct autel de la déesse, se sentant souillée de trop de vices, et trop indigne de luy offrir chose qui luy fust agreable, si ce n’estoit par son commandement. Et puis s’en approchant encor d’avantage, elle baisa et encensa l’autel de tous costez, et en fin laissant l’encensoir au pied, y mit quantité d’encens et de parfums, dont l’odeur remplissoit tout le temple. Et lors, prenant la Mole-salée et couronnée de fleurs, et la tenant d’une main fort eslevée, de l’autre elle prit le coing de l’autel, et puis se tournant du costé de l’Orient, elle profera