Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/812

Cette page n’a pas encore été corrigée

mérite tout le chastiment.

Le roy, oyant parler de ceste sorte cest estranger : Qu’est-ce que tu tardes tant, dit-il, à me le nommer promptement afin que pour le moins je passe mon desplaisir à faire chastier celuy qui veritablement en est la cause ? Alors le fidele serviteur : C’est donc, dit-il, en parole de roy, que tu me promets, seigneur, que, quand je t’auray nommé ce coulpable, et de plus que je te l’auray remis entre les mains, tu m’accorderas la grace que je te demanderay. – Je te le promets dit le roy, sur toutes les choses qui me sont les plus sacrées.

Bellaris, haussant alors les mains et les yeux au Ciel : Je vous remercie, dit-il, ô dieux qui habitez là-haut ! de la grace que vous me faites de pouvoir finir mes jours apres avoir fait ce que je desirois le plus. Et se tournant vers Gondebaut : Commande, continua-t’il, seigneur, que l’on detache ce chevalier, qu’indignement l’on traitte comme tu vois, et que l’on employe toutes les chaisnes et les liens dont il est lié sur moy, car c’est moy qui ay sauvé Cryseide, c’est moy qui luy donnay la nouvelle qu’il vivoit, c’est moy qui l’ay conduite tousjours depuis. Bref, qu’en moy seul tous les supplices soient employez, puis que c’est moy seul qui suis cause de tout le desplaisir que tu as receu.

Mais maintenant que j’ay satisfait à ce que je t’ay promis, c’est à toy, ô grand roy, de m’observer la parole et me donner la grace que je te veux demander qui est