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Dieu me soit tesmoing, grand et invincible roy, si je n’estime et n’admire tout ce qui est en ta personne, et tout ce qui procede de toy. Je te voy chery, et favorisé des dieux, aymé de tes subjects, honoré de tes voisins, et redouté de tes ennemis ; je recognois en toy une prudence en toutes tes actions, une generosité en toutes tes entreprises, une justice pour chacun, et une amour particuliere envers moy, qui m’oblige non seulement à t’admirer, et à te servir, comme le reste de l’univers, mais à t’aymer et estimer autant qu’il m’est possible. Si donc j’ay la cognoissance de toutes ces choses, et celle aussi de l’honneur qu’il te plaist de me faire, de m’unir à ta majesté par les liens d’un avantageux mariage, ne faut-il pas confesser que ce qui m’en oste la volonté, doit avoir une grande puissance et sur mon affection, et sur mon devoir ? S’il te plaist donc, seigneur, avoir ceste consideration devant les yeux, je veux esperer que non seulement tu me pardonneras si je fais quelque chose qui te desplaise, avec ceste asseurance que si je pouvois autrement disposer de moy, je le ferois à ton contentement, encore plus promptement que tu ne le me sçaurois commander.

Mais sçache, ô grand roy, qu’estant à peine sortie de l’enfance, les dieux voulurent que j’aymasse un chevalier. Je dis que les dieux le voulurent, car si ce n’eust esté par le vouloir