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ma mort que mon changement. A ce coup je feray voir quelle resolution peut avoir une fille qui, vive ou morte, ne sera jamais qu’à vous. Faictes-en de mesme.

Et bien ! dit alors Arimant, me peux-tu conseiller, Bellaris, d’abandonner une personne qui prend une telle resolution pour moy ? – J’avoue, respondit-il, que je l’admire, et que sa vertu a surpassé mon opinion. Mais, seigneur, que pretendez-vous de faire et quel moyen vous reste-t’il de la pouvoir secourir ? La force de ce roy est trop grande, et son amour trop violente, pour donner place à quelque espoir ; et le danger est si grand pour vous de vous arrester icy, que je vous tiens pour perdu si vous le faictes. – Ne te soucie, Bellaris, dit alors Arimant, j’ay pensé un moyen pour la sauver qui me reussira sans doute.

Et deslors mettant ordre à son depart, il s’en alla le lendemain à Lyon, où il arriva expressement sur le soir, et s’en alla loger en une hostellerie la plus retirée qu’il peust choisir. Et là, par le moyen de Bellaris, il apprit encores la continuation des mesmes nouvelles, et