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cette assistance, quoy qu’il eust un grand regret de le laisser en un si grand peril. Le soir donc, Arimant pria le capitaine, ainsi que Bellaris avoit proposé, qui sçachant bien que le roy, s’il n’estoit arrivé, ne tarderoit pas d’estre à Lyon, et désireux d’avoir plus promptement la rançon à laquelle il se mettrait, et dont il devoit recevoir une bonne partie, non seulement le permit, mais luy conseilla de le devoir faire, et que luy-mesme l’accompagneroit d’une de ses lettres à Bellimart.

Le depart de Bellaris estant donc résolu de cette sorte, luy-mesme fut celuy qui sollicita la lettre pour partir, disoit-il, plus matin, et revenir tant plustost. Et l’ayant retiré dés le soir, et fait commander à la porte qu’on le laissast sortir le lendemain, aussi-tost qu’elle seroit ouverte, il revint vers Arimant, et l’informa bien de tout ce qu’il avoit à faire, à sçavoir, où il trouvera Cryseide, en quel lieu sont les chevaux, et par quel chemin il doit passer, tant pour aller jusques aupres de Lyon, que pour se retirer de là les Alpes, luy conseillant de se mettre sur le Rhosne au-dessous de Vienne, et prendre la mer vers les Massiliens, jusques en la coste de la Ligurie, qu’il valoit mieux allonger son chemin, et le faire un peu plus seurement.

Avec de semblables discours, ils passerent une partie de la nuict, et l’autre fut employée à changer d’habits, et à