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traittée selon ma qualité, et que par ce moyen il se pourroit non seulement acquerir Rithimer pour son amy, mais Anthemius mesme qui estoit mon allié. A ces paroles il ne me respondit autre chose, sinon que je luy avois faict plaisir de me declarer pour telle que j’estois, et qu’estant de retour, il me feroit paroistre l’estat qu’il faisoit de mon merite et de mon alliance.

Or Bellaris, je prevois maintenant un dur combat, car l’on m’a dict que le roy revient, et je voy que de tous costez on se prepare pour luy faire entrée, mesmes qu’hier je sceus qu’il ne retarderoit pas quatre ou cinq jours à estre icy. Peut-estre aura-t’il bien passé sa fantaisie, et changé d’affection envers moy, mais peut-estre aussi l’aura-t’il continuée. Si cela est, tu peux penser de quelle façon il me persecutera : de l’espouser, j’ayme mieux la mort ; de le refuser, c’est un jeune homme arrogant et enflé de presomption pour tant et tant de victoires obtenues, malaisément pourroit-il supporter que tant d’hommes ne luy ayant peu resister, une fille le puisse faire ; si bien que je ne prevoy pour moy que beaucoup de mal, si tu ne me conseilles en ceste necessité. Bellaris demeura quelque temps sans luy respondre ; enfin il luy dit : Veritablement, madame, ces considerations que vous faictes sont pleines et de raison, et d’affection envers mon maistre, et faut advouer qu’il vous a une obligation tres-grande de mespriser ce roy