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à luy trembler, et ses compagnes estoient desja prestes à s’en retourner, qu’elle estoit encore à genoux, sans se souvenir qu’il s’en falloit aller. Personne toutesfois n’y prit garde, car chacun pensoit que son retardement procedoit de devotion. En fin sa compagne la tirant par la manche, la fit relever et suivre les autres qui estoient desja acheminées deux à deux, comme Hylas vous a raconté.

Elle ne fut pas plustost au logis, qu’elle s’en va dans une garde-robbe, tire la porte sur elle, et prend son livre en la main, commence à le remarquer curieusement, et enfin trouve qu’il estoit vray que l’on se servoit de la mesme façon d’escrire qu’elle avoit accoustumé avec Arimant ; mais, ne pensant plus qu’il fust en vie, elle creut d’abord que c’estoit Hylas, auquel elle avoit dit cet artifice qui s’en fust voulu servir.

Et parce qu’elle n’avoit point d’escritoire, ny commodité d’en avoir, elle prit un poinçon qu’elle portoit à sa coiffure, et marqua au mieux qu’elle put les lettres qu’elle trouva esparses dans le livre qui, estans rejointes ensemble, formerent telles paroles :

Lettre d’Arimant à Cryseide.

Je vis encores, si c’est vivre que d’estre parmy