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celle qui, depuis le départ d’Hylas, m’a raconté dans Lyon tout ce qu’il vous en a dict, et que j’ay à vous dire. Mais ce sera à condition qu’Hylas satisfera mieux à sa promesse, à la premiere fois que l’occasion s’en presentera.

Et ayant asseuré qu’il le feroit, elle prit la parole de cette sorte.

Suitte de l’Histoire de Cryseide, et d’Arimant.

Sçachez donc, madame, que cette genereuse fille estant detenue dans Lyon, comme vous avez entendu, un matin allant au temple, elle rencontra un jeune homme qui, se pressant parmy la foule, s’approcha de sorte d’elle, qu’il luy mit dans la main un petit livre, et luy dit assez bas en langue italienne : Cryseide, demain, à cette heure vous me verrez icy. Et soudain se perdant parmy le peuple, la laissa la plus estonnée qu’elle fut jamais, car elle n’avoit peu voir au visage celuy qui parloit à elle, et ne sçavoit ce qu’elle avoit à faire de ce petit livre. Toutesfois comme tres-prudente qu’elle estoit, elle n’en fit point de semblant et seulement, tant que le sacrifice dura, elle ne fit autre chose que supplier