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que ceux de qui elle devoit despendre l’eussent aggreable ; et voyant comme leur intention les portoit ailleurs, elle resolut de se faire mourir, d’autant plus vertueuse en ceste action que Lucresse, que celle-cy voulut prevenir la faute pour laquelle l’autre se fit mourir. Si celle-cy n’est point une grande preuve d’amour envers Arimant, et de vouloir conserver son affection entiere, vous en ferez, seigneur, le jugement. Tant y a qu’estant miraculeusement retirée du tombeau, lors qu’elle commençoit à se remettre de la grande perte du sang qu’elle avoit faite, elle fut advertie par une de ses filles que sa mere, et la femme de Rithimer, la vouloient oster de la presence de ce prince pour apres la faire espouser à Clorange, voulust-elle ou non. Il n’y a point de douté qu’alors elle eust recours au mesme remede qu’elle avoit desja fait, si Arimant ne la fust venu trouver, et ne luy eust, les larmes aux yeux, representé qu’elle en feroit mourir deux, si elle ne se deportoit de ceste resolution, parce qu’il ne la survivroit point, mais qu’il valoit bien mieux se retirer de ceste cruelle tyrannie de sa mere. Que si elle se vouloit asseurer en luy, il luy juroit par tous les plus inviolables sermens que, sans la rechercher de chose quelconque, il la mettroit secrettement parmy les Vestales, où elle pourroit vivre, en attendant qu’il vous peust