Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/730

Cette page n’a pas encore été corrigée

le vous proposeray, mais avec cette condition, que vous me ferez l’honneur de recevoir, ce que je vous en diray, comme d’une personne qui vous honore infiniment, et qui ayme Arimant plus que toutes les choses du monde. – Vous avez rendu tesmoignage à mon fils de ce que vous dites, me respondit-il, et j’ay telle creance de l’amitié que vous me portez, que vous ne devez douter que je ne reçoive tout ce que vous me proposerez, comme venant d’une personne que je dois aymer, honorer et croire plus qu’autre que je cognoisse.

– Avec cette asseurance, repris-je, je vous diray donc, seigneur, que vous avez pres de vous, et en cette ville mesme, ce que vous cherchez bien loing : la noblesse de la race, la vertu et l’amour que le mary et la femme se doivent porter, et encores les biens selon la qualité de vos maisons, choses qui tout ensemble ne sont pas peu considerables. – Et pour Dieu m’interrompit-il, je vous supplie, Cleomire, nommez-la moy vistement. – C’est, luy dis-je, en rougissant un peu, Cryseide. – Veritablement, me dit-il alors, pour sa maison et pour son bien, je l’advoue, mais pour le reste, je ne sçay qu’en dire, et faut que je vous die qu’il a esté un temps, lors qu’elle estoit icy, que je l’eusse desirée, n’eust esté que sa mere est parente de la femme de Rithimer, lequel je ne sçay si vous en avez esté adverty, me veut un grand mal. – Seigneur, luy dis-je, me permettrez-vous que je