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bien faire faire de mesme à ce coup, outre que voyant que c’estoit la volonté d’Arimant, j’eusse pensé de faire une tres-grande faute, si j’y eusse contredit.

Je m’en vay donc trouver le pere dans un jardin, où alors il se promenoit tout seul, et apres l’avoir salué, et que nous eusmes parlé quelque temps de la beauté du lieu et de la saison, en fin je fis tomber le propos sur le contentement que chacun a de se voir perpétuer en ses enfans, et puis luy representant quel devoit estre le sien, quand il consideroit Arimant comme le plus accomply chevalier, non seulement des Salasses et des Lybicins, mais de toute l’Emilie. – Il me respondit, que l’amitié que je luy portois me le faisoit croire tel. – J’advoue, luy dis-je alors, que je l’ayme plus que chevalier que j’aye jamais cogneu, mais avant que je l’aye aimé de cette sorte, je vous asseure, seigneur, que je l’ay estimé tel, et que tous ceux qui en parlent en font le mesme jugement. Mais, continuay-je, puisque nous en sommes venus si avant, encore faut-il que je vous die que je me suis fort estonné comme vous avez tant tardé à le marier, il en est d’aage, et je croy que ce seroit beaucoup adjouster à vostre contentement, si vous le voyiez marié, et bien-tost apres, pere de plusieurs beaux enfans. – Vous avez raison me respondit-il, je ne croy pas que si je voyois ce que vous dites, j’eusse rien plus à desirer , mais les parties sont si rares, et j’