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portoit à ce fils.

Mais quand il sceut que j’estois Cleomire, duquel son fils luy avoit escrit la valeur et l’assistance imaginée, je ne sçaurois vous dire les remerciemens et les offres qu’il me fit, car veritablement c’estoit un tres-honorable chevalier et plein de toute vertu, digne du nom qu’il portoit. Je fus bien aise, et Arimant aussi, de voir ce bon commencement, ayant esperance que bien-tost le progrez de ceste amitié nous porteroit à l’heureux accomplissement que nous desirions.

Les premiers jours estans passez, et Arimant ne pouvant avoir repos qu’il ne vist la conclusion de nostre mariage, nous consultasmes longuement ensemble, de quelle façon nous devions nous y conduire. En fin nous fusmes tous quatre d’opinion, car Clarine et ce jeune homme estoit tousjours de nostre conseil ; qu’il falloit que ce fust moy qui en fisse l’ouverture au pere, parce que depuis que j’estois arrivée, il avoit pris une si grande creance en ce que je luy disois, que sans doute il se laisserait porter à tout ce que je voudrois, et que je luy conseillerois. Je pris cette charge fort à contre-cœur, me semblant que c’estoit bien contre la coustume qu’il me fallust demander un mary, au lieu que ce sont tousjours les maris qui demandent les femmes. Toutesfois, puis que desja ma fortune m’avoit fait rompre les coustumes des autres femmes, je creus que mon affection m’en pouvoit