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peu d’egard à ce que et luy et moy nous nous devions, parce que si je luy devois toute sorte de contentement et de satisfaction, il me devoir aussi la conservation de la seule chose qui me pouvoit rendre digne de luy, qui estoit mon honnesteté. Et lors qu’il me respondoit qu’il n’avoit jamais eu autre dessein, et qu’il aymeroit mieux la mort, que de vouloir de moy chose quelconque, que sous les conditions de m’espouser, je luy representois alors qu’il estoit impossible de faire le mariage au lieu où nous estions, à cause que si Rithimer le sçavoit, comme il seroit impossible qu’il ne le sceust, il n’y auroit rien qu’il ne fist pour se venger de ceste injure, qu’il falloit donc nous mettre en lieu où il n’y eust pas tant de danger ; qu’outre cela, encore seroit-il bon que son pere en fust adverty ; parce qu’encores que nous fussions tous deux resolus de passer outre, quoy qu’il ne le voulust pas, si estoit-il raisonnable de luy rendre ce devoir, que les dieux avoient grandement agreable le respect et l’obeyssance que les enfans rendoient à leur pere, et que cela seroit cause qu’ils beniroient nos intentions et nos desseins.

Bref, Hylas, je sceus luy representer mes raisons, de sorte que me prenant entre les bras, et me baisant : Il est impossible, me dit-il, de resister à ce qu’il vous plaist, faictes, et ordonnez de ma vie, et de mon contentement comme il vous plaira. Et quand il receut le commandement de son pere