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ne m’en reste que la memoire pour le regretter ? Je le passeray donc sous silence, pour ne redire mes contentemens en une saison où il n’y en a plus pour moy. Et vous diray, qu’apres avoir demeuré six sepmaines en ce lieu pour donner loisir aux blesseures d’Arimant de se guerir, son pere luy manda qu’il le revinst trouver, car ayant sceu le duel qu’il avoit fait contre Clorange, il estoit en continuelle peine pour luy, non seulement pour les blesseures qu’il avoit receues, mais aussi pour la hayne de Rithimer.

Et lors qu’Arimant receut ce commandement de son pere, ce fut en mesme temps que ses playes estoient du tout gueries. Le mal qu’il avoit eu, et l’incommodité de ses blesseures avoient esté cause que tous les desseins qu’il eust peu avoir sur moy avoient esté prolongez jusques à ce qu’il sortirait du lict. Et maintenant qu’il n’avoit plus de mal, lors qu’il me tesmoignoit de m’en vouloir presser, je ne pouvois luy remettre devant les yeux, sinon qu’il considerast que j’estois sienne, et que la cognoissance que je luy en avois donnée, n’estoit pas si petite qu’il en peust douter. Que ce qu’il demandoit de moy n’estoit pas raisonnable, sinon avec les conditions qui en pouvoient oster toute sorte de blasme, qu’il pouvoit bien penser que quand je m’estois remise entre ses mains, ç’avoit esté avec dessein de me donner entierement à luy, ainsi que j’avois faict, et que je faisois encore, mais que je le suppliois d’avoir un