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inimitié qu’il avoit avec son pere. Et qu’encores que son peril nous fist peur, si est-ce que Clarine et moy en avions ry de bon cœur, nous le representant revestu de ceste sorte. Qu’enfin je luy avois dict que puis qu’il estoit ainsi deguisé, il falloit chercher quelques toiles ou autres choses semblables, et faire semblant de me les venir vendre ; que s’il se trouvoit que quelqu’un fust en ma chambre, cela serviroit d’excuse pour revenir une autre fois avec plus de commodité ; que si j’estois seule avec Clarine, comme il avenoit fort souvent, il pourroit entrer et parler à moy avec toute sorte d’asseurance.

Arimant oyant ceste proposition, la trouva bonne, luy qui n’en eust pas desapprouvé une seule qu’on luy eust voulu proposer, pour hazardeuse qu’elle eust esté. Et ainsi commença à se mettre en queste de la marchandise qui luy estoit nécessaire.

Quant à son homme, les nouvelles que l’autre luy raconta, ce furent les frayeurs que ceux de la ville avoient d’un certain roy estranger, que l’on disoit venir des Gaules pour ravager toutes ces contrées, comme il avoit fait desja diverses fois. Et venant un peu plus sur les choses particulieres, disoit que tous ceux de la ville murmuroient que, cependant que ce roy pilloit et ravageoit presque toute la Gaule Cisalpine, et la depeuploit d’hommes et de femmes, qu’il emmenoit prisonniers, Rithimer s’amusoit à