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luy prenant le bras, il luy demanda comme il se portoit : Ce ne sera rien, luy dit-il, seigneur, j’ay eu une petite deffaillance, je croy que cela ne vient que de repletion d’humeurs, à cause que je ne fais point d’exercice. Mais si vous le trouviez bon, je croy qu’il me feroit grand bien de faire un petit voyage, tant pour dissiper ces humeurs, que pour changer un peu d’air, car il est vray que depuis quelques jours je ne me sens gueres bien. – Ce sera bien fait, respondit le pere, mais où voudriez-vous aller ? – Il me semble, respondit Arimant, que je ne sçaurois mieux faire que d’aller vers les Lybicins, tant parce que c’est le lieu de ma naissance, qui profite grandement pour le changement d’air, que pour le contentement que j’aurois de voir nos parents et nos anciens amis. – J’en serois bien-aise, respondit le pere, mais je crains la haine que Rithimer nous porte. – Seigneur, reprint incontinent le chevalier, n’entrez point en cette doute. Cela seroit bon si vous y alliez, mais de moy il ne s’en soucie point, et il sçait bien que quand je serois mort, cela n’advanceroit en rien ses affaires, outre que j’y demeureray si peu, et tousjours chez mes parents et amis, que, quand il en auroit la volonté, il n’en aura ny le temps ny la commodité.

Le pere, croyant ce qu’Arimant disoit, se laissa facilement porter à son opinion, ce qui ne rapporta pas peu de bien pour tous, ny peu de consolation pour luy,