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amitié. – Et Arimant, repris-je alors, a mon mouchoir ? – Il l’a sans doute, me dit-elle, car il y a trois jours que je le donnay. – O dieux ! m’escriay-je, voilà la perte d’Arimant ! Que pensez-vous, Clarine, qu’il devienne, voyant ceste asseurance de ma mort ?

Elle demeura muette pour quelque temps, en fin elle me respondit : II est certain que si ce jeune homme s’en est allé sans demander plus particulierement de vos nouvelles, il luy aura porté celles de vostre mort. – Et à qui, repris-je, voudriez-vous qu’il s’en fust enquis pour en sçavoir de plus certaines qu’à vous mesme ? Veritablement, Clarine, vous fistes là une grande faute, et la seconde n’est guiere moindre, lors que, me voyant estre hors de danger, vous ne l’en avez point adverty. Qu’esperez-vous que fasse ce pauvre chevalier ? Nous orrons dire qu’il aura fait quelque extreme resolution, et Dieu vueille qu’elle ne soit telle qu’elle me convie à le suivre ! – Ma maistresse, me dit-elle, je vous en demande pardon, le desplaisir que j’avois de vostre mort estoit tel, que je me resolvois à vous suivre, et j’avoue que j’envoyay ce mouchoir à Arimant expres pour le convier d’en faire de mesme. Il est bien vray que depuis je l’en devois avoir adverty, mais j’ay esté de telle sorte employée aupres de vous, que je ne me suis souvenue non pas mesme de manger. – Or sus, luy dis- je, escrivez luy de ma part, et si je puis, j’y mettray un mot de ma main. Clarine alors,