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m’avoit mise en cet estat. Si j’eusse voulu parler, peut-estre que je l’eusse bien faict, en m’efforçant un peu, mais sçachant que c’estoient elles qui estaient la cause de mon mal, je fis semblant, pour eviter leur importunité, de ne les ouyr point, ny de ne pouvoir parler. Ce que peut-estre recognoissant l’un de ces vieux et experimentez medecins, il leur dit qu’il me falloit faire prendre quelque chose, et me laisser reposer, parce que le parler me pourroit peut-estre faire beaucoup de mal.

Il fut fait comme il l’avoit dit, et cependant Rithimer s’enquit du jeune garçon qui me gardoit, s’il ne s’estoit point apperceu de ce que j’avois fait. Luy qui craignoit d’estre chastié s’il confessoit la verité, dit que non, et que seulement je luy avois commandé de fermer les rideaux et les fenestres. Cela fut cause que Rithimer faisant venir Clarine : N’abandonnez pas, dit-il, Cryseide, car elle veut mourir, et si vous n’y prenez bien garde, elle se desbandera encore les bras. – Seigneur, luy dit-elle, si vous voulez, vous pouvez bien luy redonner la vie qu’elle perdra sans doute, si ce n’est à cette heure, et de cette sorte, ce sera bien tost, et de quelqu’autre façon. – Je jure, dit-il, par la vie d’Anthemius, qu’il n’y a chose que je ne fasse pour cela. Elle qui creut avoir trouvé une bonne occasion : Seigneur, dit-elle, ne me descouvrez point, s’il vous plaist, mais croyez que Clorange est cause de sa