Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/683

Cette page n’a pas encore été corrigée

rapporté, en avoit esté la cause, mais, que cela fust ou ne fust pas vray, il est certain que depuis je sceus son entiere guerison, qui me rapporta bien un si grand contentement, que je commençay aussi de mon costé à me r’avoir, et sembla que nous eussions eu quelque sympathie de tomber malades, et de guerir tous deux en mesme temps.

Mais voyez, Hylas, comme je suis nee soubs une malheureuse destinée ! Lors que j’arrivay en la maison de Rithimer, et que sa femme me vit si defaite, tant pour la longueur du chemin, que pour le mal qui m’estoit survenu, mais plus peut-estre pour l’esloignement de celuy que j’aymois, elle fut d’avis que, sans me laisser voir, l’on me fist guarir, et qu’on ne parlast point cependant du mariage qu’elle avoit intention de faire, puisqu’elle pensoit que la beauté que l’on disoit estre en moy, seroit celle qui y feroit plustost resoudre Clorange (ainsi se nommoit celuy qu’elle me vouloit faire espouser). Et depuis, me voyant empirer, l’on n’en fit point de semblant, jusques à ce que je commençay à me r’avoir, et que peu à peu j’allois reprenant le visage que je soulois avoir. Soudain ma mere qui le desiroit passionnément en mit le propos en avant, et asseura que dans peu de jours je serois en bon estat. Et il advint, pour mon mal-heur, comme elle dit, parce que je fus advertie par Arimant qu’il me viendroit voir, ou desguisé, ou autrement, en sorte qu’il ne seroit