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à Arimant.==

L’on me veut esloigner d’icy, j’eusse dit de vous, si ce n’est que vous estes tousjours en mon cœur, et que mon affection est telle, qu’il est impossible que je ne vive, non seulement pres de vous, mais en vous-mesme. Toutesfois, il est certain que nous changeons de demeure, je ne sçay en quelle partie de la terre ce sera, mais si sçay bien que pour belle quelle puisse estre à tout autre, ce me sera un lieu de supplice, si je ne vous y vois point. Si je la descouvre, je vous en advertiray, afin que, s’il vous est possible, vous puissiez estre bien-tost du corps où vous serez tous jour par ma pensée.

Arimant leut cette lettre avec le desplaisir que vous pouvez penser, qui le remplit de telle inquietude qu’il ne se donna repos, qu’il n’eust apris que j’allois trouver la femme de Rithimer. Mais celuy qui le luy dit, qui fut un parent de ma mere, luy cela ce qui estoit de mon mariage, fust qu’il ne le sceust pas, ou que sçachant l’affection qu’il me portoit, il jugeast estre à propos de le luy cacher. Mon esloignement luy faschoit, mais encore plus, sçachant où j’allois, parce qu’il creut bien que son pere ne luy permettroit jamais d’y