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de me laisser entre ses mains, ainsi qu’elle avoit monstre de le desirer. Cette deliberation estant prise sans m’en rien dire, fut presque executée sans que je la sceusse, et cela d’autant qu’elle commençoit de prendre garde que je n’avois point desagréable la recherche que me faisoit Arimant, laquelle sans doute ne luy eust point depleu, si son bien eust esté esgal à son merite, et à sa noblesse, mais cela n’estant pas, elle pensa que l’esloignement estoit le meilleur remede qu’elle y pouvoit rapporter.

Toutesfois, voyant le soing qu’elle avoit de me faire habiller en diligence, et l’ordre qu’elle mettoit en sa maison, et à son train, je jugeay qu’elle vouloit faire un voyage où elle faisoit dessein de m’emmener. Et parce que je fusse morte de regret, s’il m’eust falu partir sans qu’Arimant en eust esté adverty, je commanday à Clarine qu’elle le luy fist sçavoir, et luy donnay le livre accoustumé. Elle ne manqua point de le luy mettre dans le chapeau le lendemain, estant au temple. La lettre que je luy escrivois estoit telle :

==Lettre de Cryseide