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de nulle force, puis que le premier que vous avez faict en entrant ceans le contrarie. – Et comment cela ? me dit-il. – Vous m’avez promis, respondis-je, que vous ne rechercheriez rien de moy que ce que je voudrois. C’est pourquoy, ne voulant point encore ce que vous me demandez, vous estes obligé à ne m’en point presser davantage, et quelque serment que vous ayez peu faire depuis au contraire, ne peut point estre valable. – Il est impossible, dit-il lors, en se relevant, de resister ny à vostre beauté, ny à vostre volonté. Et je cognois que je recevrois tout à coup trop de graces, si celle-cy estoit adjoustée pour le comble de toutes les autres. – Arimant, luy dis-je alors, conservez seulement la volonté que vous avez pour moy, et à cette heure je vous promets librement que, si je puis faire consentir ceux qui peuvent disposer de moy, je vous espouseray et me donneray entierement à vous.

Seroit-il bien possible que je puisse vous representer le contentement de ce jeune homme ? Je ferois, Hylas, plus qu’il ne pût faire ; quoy qu’il s’y essayast par toutes les paroles et par tous les remerciements qu’il peust inventer. Tant y a que cela faillit d’estre cause de nostre perte, parce qu’appellant Clarine pour estre tesmoing de ce que je luy promettois, et elle s’en venant un peu inconsiderement vers nous, tira sans y penser la petite boeste qui s’estoit prise à sa manchette, et si brusquement,