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mes ancestres, et j’ay trouvé que les vostres avoient toutes les qualitez qui me pouvoient contenter. J’ay regardé vostre personne, et je n’ay rien veu qui ne m’ait esté agreable, soit en l’esprit soit au corps. J’ay recherché vostre vie, et je n’y ay rien remarqué qui ne fust et honorable et estimable, l’honneur et la vertu l’ayant accompagnée tousjours, en toutes vos actions. Bref, j’ay tourné les yeux sur la verité de vostre affection et il m’a semblé que veritablement vous m’aymez. Et trouvez-vous, Arimant, que celuy qui a ces conditions, ne merite de recevoir quelque faveur de la personne qu’il ayme ? – Madame, me respondit-il, en me baisant la main, cette grace que vous me faictes, est encore, s’il se peut, plus grande que la premiere, et je voy bien que vous voulez me laisser du tout sans espoir de me pouvoir acquitter de tant d’obligations. Les avantageuses louanges que vous me donnez, seront receues de moy, non pas pour estre si vain, que je pense qu’elles me soient deues, mais parce que je desire de tout mon cœur que vous les croyez estre vrayes, pour vous obliger tant plus de me continuer l’honneur de vos bonnes graces. – Arimant, repliquay-je, vous sçavez bien, et je le scay aussi, que ce que je dis de vous est veritable ; et cecy seulement vous doit estre un grand tesmoignage de vostre merite, quand vous considerez que Cryseide vous ayme, car ou vous la jugez sans esprit et sans cognoissance ;