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que d’en remettre le choix à vostre volonté, afin que, tout ainsi qu’à ma supplication vous m’avez voulu faire cette grace, de mesme, par vostre commandement, je fasse ce que je dois pour la recognoistre.

Ayant dit ces paroles, il se teut pour attendre ma responce qui fut telle : Arimant, luy dis-je, que vous recognoissiez ce que je fais en cette occasion pour vous estre quelque chose de grand et d’extraordinaire, ce m’est une si grande satisfaction, que je ne la vous puis assez representer, et je me tiens tellement satisfaite de cette cognoissance que vous en avez, que je ne vous en demande point une plus grande. Mais je ne puis souffrir que vous vous estimiez si peu que vous croyez ne meriter cette faveur, car vous n’offencez pas seulement en cela la verité, mais le jugement aussi que j’ay faict de vous, lors que je vous ay jugé digne de mon amitié. Ne croyez point, Arimant, que j’aye faict quelque chose à la volée ou sans une meure deliberation. Quand j’ay commencé de recevoir vostre bonne volonté, j’avoue que ç’a esté sans dessein et seulement parce que vostre recherche m’y convioit, mais quand je vous ay donné la mienne, croyez aussi, si vous ne voulez avoir mauvaise opinion de moy, que ce n’a point esté sans avoir longuement debatu en moy-mesme si je le devois faire, et si je ne serois point blasmée d’une telle élection. J’ay considéré vostre maison, parce que je n’eusse voulu offencer