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Depuis ce temps nous nous escrivismes bien souvent, et ne passa guere jour que nous n’eussions des nouvelles l’un de l’autre, qui nous fut un grand soulagement en la contrainte où nous vivions. Mais d’autant que l’amour, ressemblant en cela au feu, quand on luy met du bois dessus, plus on luy faict de faveur, et plus il se va augmentant, il advint que celles que je faisois à Arimant le convierent d’en desirer de plus grandes encores, et ne se pas contenter de ce que je pouvois faire sans reproche. Et ainsi, par mille et mille importunes supplications, il me pressa tant de luy permettre de me voir dans ma chambre, qu’enfin je le luy accorday, pourveu que l’on en peust trouver les moyens, et qu’il me promist de ne vouloir de moy que ce qui me plairoit de luy permettre.

Depuis que cette permission luy fut donné, il ne tarda guere à faciliter toutes les difficultez. La premiere estoit de pouvoir entrer, mais à celle-là, il remedia aisément, parce qu’avec une eschelle de soye qu’il donna à Clarine, il pouvoit facilement monter par la fenestre de ma chambre, où il n’y avoit point d’empeschement que le treillis de roseaux qui se levoit et baissoit sans beaucoup de peine. Mais ma nourrice qui estoit dans un lict assez près du mien, et qui n’estoit point de nostre intelligence, nous estoit bien une plus grande difficulté, et toutesfois il ne demeura guere sans y trouver remède. Il y avoit dans Eporedes un tres-sçavant médecin empirique, et qui se servoit de receptes