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m’avoit en garde et qui couchoit d’ordinaire dans ma chambre.

Ce fut donc celle-cy que j’esleus pour m’assister, et luy en ayant fait entendre ce qu’au commencement je jugeay luy en devoir dire, je la trouvay si disposée à tout ce que j’eusse sceu desirer, que je luy declaray en fin tout à faict le dessein que je faisois de n'aymer jamais autre qu’Arimant. Or à ce soir sa mère dormoit, de sorte que je pus aysément, apres avoir escrit, et serré la lettre avec un peu de soye, m’approcher de la fenestre sans estre veue, parce qu’en ces pays de delà, on use aux fenestres de certains petits treillis de roseaux, pour voir dans la rue sans estre veu, et fus bien assez avisée pour faire cacher la bougie avant que d’ouvrir les vanteaux des fenestres, de peur que ceux qui estoient en bas ne vissent la lumiere, et puis, m’avançant un peu sur la muraille, je fis tout ce que je pus pour remarquer Arimant.

Il ne me fut guere malaisé, parce que c’est la coustume, pour le moins, des plus advisez, quand on faict ces musiques de nuict, de venir dans la rue de celle pour qui l’on la faict, mais de faire arrester toute la troupe ou plus haut ou plus bas, pour ne donner cognoissance de celle à qui elle s’adresse ; et celuy qui en est l’autheur, s’avance au droit de la fenestre, pour essayer