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il s’approcha tout seul, et chanta ces vers :


Sonnet

Il se plaint qu’elle refuse ses lettres.


Elle dit quelle m’ayme, et veut par ses discours
Me faire croire enfin ses sermens veritables.
Mais que luy sert cela, si j’apprens tous les jours
Par de certains effects, que ce ne sont que fables ?

O parjures beautez, que vous estes coulpables !
Craignez-vous point les dieux ? pensez-vous qu’ils soyent sourds ?
Ou que vous ne soyez justement punissables
De jurer en dessein de faire le rebours ?

Elle dit qu’elle m’ayme, et toutesfois cruelle,
Ne veut lire les maux que je souffre pour elle,
Refuse les escrits qu’Amour luy faict offrir.

N’est-ce pas, en effect, se mocquer de ma flame ?
Et puis-je croire Amour estre dedans une ame,
Dont les yeux seulement ne le peuvent souffrir ?

J’entendis bien aysément le subject de sa plainte, et parce que le refus que j’avois fait n’estoit