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d’un voile noir elle clorra mon œil,
Elle ouvrira ma bouche.
Et ne faut esperer que le mal que je sens
Descouvre par ma voix la douleur qui me touche,
Qu’en mes derniers accens.

II

[Ainsi je portray dans un mesme tombeau,]
Sans deceler mon mal, la vie et le flambeau
Qui dans mon cœur s’allume.
Mais comme se peut-il qu’un feu si violant
Ne soit veu de quelqu’un, ou qu’au moins il ne fume,
Puis qu’il me va bruslant ?

III

Il le faut toutefois, Amour le veut ainsi,
Amour qui fait dessein d’esgaler mon soucy
Aux morts plus inhumaines.
Il sçait bien, le cruel ! que c’est quelque soulas
De pouvoir librement se plaindre de ses peines !
C’est ce qu’il ne veut pas.