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Ny moy d’estre leger :
Je change, il est certain : mais c’est grande prudence
De sçavoir bien changer.

Pour estre sage aussi, qu’elle en fasse de mesme,
Esgale en soy la loy,
Que s’il faut par destin que la pauvrette m’ayme,
Qu’elle m’ayme sans moy.

Chapitre 5

A ces dernieres paroles, Paris se trouva si pres, que Silvandre le recogneut. Et parce qu’il tenoit Diane sous le bras, il jugea bien qu’il deplairoit à sa maistresse, s’il ne quittoit à Paris la place par honneur, qu’il n’eust jamais quittée à personne par amour. Afin donc de l’obliger en cette action, il luy dit assez bas : Commandez-moy, ma maistresse, de vous laisser, afin que ce que je ne puis faire de ma bonne volonté, je le fasse par vostre commandement. - Berger, dit-elle en sousriant, puis que vous jugez qu’en cette faveur que vous me faites ce commandement vous puisse servir, je le vous commande. - O dieux ! dit le berger, qui se pourroit empescher d’estre entierement à vous, puis que vous obligez mesme en desobligeant ?

II n’osa luy dire davantage, de peur que Paris ne l’ouyt, car il estoit si pres, que Diane s’avança pour le saluer ; et le reste de la trouppe aussi. Et Silvandre n’eut plustost quitté la place, que son rival la prit avec autant