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ma mere, vous pourrez satisfaire aisément à vostre curiosité. – II est vray, reprit Amasonte, si toutesfois il est permis aux hommes de les visiter, et c’est de quoy je ne me suis point encore enquise, mais je vous promets que demain, je les iray voir, et je sçauray d’elles et de ceux qui les gardent s’il y a des hommes qui y soient encores allez, et si cela est, l’entrée ne vous en sera pas plus deffendue qu’à eux. Et de faict, la bonne tante n’oublia nullement sa promesse, car le lendemain elle sceut que chacun les pouvoit visiter, d’autant que le roy ne craignoit point que personne les peust enlever, les ayant si fort esloignées du lieu de leur naissance. Cette nouvelle, lors que Periandre me la dit, ne me fut point desagreable, comme vous pouvez penser, et moins encore lors que je sceus que le lendemain apres disner elles avoient resolu de l’y conduire. Tout ce jour là fut si long à mon impatience, que plus de cent fois je demanday quelle heure il estoit, me semblant que le soleil alloit beaucoup plus lentement que de coustume. Je n’eus pas moins d’inquietude toute la nuict, ny le matin plus de patience, jusques à ce que je vis approcher l’heure que Periandre devoit aller au palais royal. Là, de fortune, je mesuray de telle sorte le temps que, quand ils approcherent de la porte, j’y arrivois d’un autre costé, et feignant que ce fust par rencontre, je demanday à Periandre où il alloit. Il me respondit froidement qu’il se laissoit