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de peu de sçavoir, et la derniere, glorieux de peu d’honneur.

Hylas voulut respondre à moitié en colère, mais l’esclat de rire que fit toute la troupe au commencement l’en empescha. Et apres, quand il voulut reprendre la parole, Silvandre le devança, et luy dit en sousriant : Il suffit Hylas, que je te declare n’avoir point dit ces paroles pour la province des Romains où tu es né ; mais si tu te penses estre obligé à quelque ressentiment, je te permets de bon cœur d’en dire autant ou plus du lieu de ma naissance quand il te plaira. – Ne doute point, reprit incontinent Hylas, que si le lieu duquel tu parles ne m’estoit autant incogneu qu’à toy-mesme, je ne demeurerois pas muet à cette reproche, et avec plus de verité que tu n’as fait ; et toutesfois, sans sçavoir quelle est cette contrée malheureuse, on peut aisément juger qu’elle ne doit guere rapporter que des ronces et des chardons, puis qu’elle a produit un esprit si espineux et si mordant que le tien.

A quoy Silvandre n’ayant voulu respondre pour ne le distraire point davantage de la continuation de son discours, apres s’estre teu quelque temps, il reprit ainsi la parole : La coustume de l’ancienne ville de Lyon, qui est de caresser et d’honorer grandement les estrangers, estans tres-religieux en l’observation des loix de l’hospitalité, fut cause qu’Amasonte, tante de Periandre, quelques jours apres l’arrivée de ces belles estrangeres, s’enquist de ceux