Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/608

Cette page n’a pas encore été corrigée

que mon affection est encore plus grande que vostre curiosité ; et quoy que je tienne ces maximes fausses en amour, qu’il faille cognoistre avant que d’aimer, aussi bien que toutes les autres que Silvandre va proposant, si ne veux-je manquer de vous dire tout ce que je sçay de moy, seulement pour vous obeyr.

Et lors Adamas l’ayant faict mettre au milieu de toute la troupe, chacun demeura attentif à l’escouter, et pour le mieux ouyr, ils se pressoient si fort autour de luy qu’ils se marchoient presque sur les pieds. Et lors, voyant qu’ils faisoient tous un grand silence, il commença de cette sorte :

Histoire de Cryseide et d’Hylas

II est certain que l’ignorance a cela de propre qu’elle fait blasmer plusieurs choses qui, d’elles-mesmes, sont louables. Je l’ay recogneu maintesfois depuis que je suis parmy les bergers de cette riviere de Lignon, où les fausses maximes de Silvandre sont tellement suivies que vous diriez, ma maistresse, quand il parle, que c’est un oracle et que les dieux seroient