Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/598

Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes ensemble en chemin, pour s’en aller au petit pas au lieu où le sacrifice devoit estre faict. Alexis entre toutes estoit la plus interdicte ; car d’abord que sortant du logis, elle jetta les yeux sur la riviere de Lignon, et qu’elle apperceut le lieu de sa derniere demeure, il luy sembla que ce voyage tant hors de son esperance n’estoit point veritable, mais en songe seulement. Il est vray que, quand elle eut descendu une partie de la colline avec Astrée, et que Hylas par ses discours l’eut cent fois esveillée, et que enfin elle recogneut que ce n’estoit pas un songe, mais un veritable voyage, elle se trouva si pleine de contentement, que chacun le pouvoit lire en ses yeux et en son visage. Astrée d’autre costé, qui ne pouvoit désirer un plus grand bon-heur que d’estre aupres de ceste druide déguisée, et par qui le visage de Celadon luy estoit si naifvement representé, s’en alloit si contente et satisfaicte, qu’ayant presque oublié les traverses que la fortune luy avoit données par le passé, elle se disoit maintenant la plus heureuse bergere de Lignon. Et parce qu’Adamas luy avoit faict entendre que ce soir il vouloit loger avec Phocion, et que Leonide et Alexis y seroient aussi, elle en donna advis au vieux pasteur, afin qu’il se preparast à bien recevoir ses hostes, et à donner tel ordre en sa maison, qu’ils n’y receussent point d’incommodité. Et d’autant qu’Alcidon, Daphnide et sa trouppe devoient