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il faut que vous sçachiez que la contrée où vous estes maintenant, outre qu’on la nomme le pays des Segusiens, s’appelle encores plus communement Forests, de sorte que je croy que c’est de ce Forests, duquel l’oracle vous a voulu predire le bon-heur que vous y devez recevoir. Et pour dire la verité, il y a bien plus d’apparence que ce soit en cette contrée, que non pas en ces grands bois et lieux solitaires, car il pourroit bien arriver que Madonte y seroit conduicte pour quelque raison qui vous peut estre aussi cachée que celle qui vous y a faict venir le luy peut estre ; et par ainsi commencez à vous resjouyr, et croire que comme jamais un mal ne vient seul, de mesme un bien est tousjours accompagné d’un autre. C’est un grand heur pour vous d’estre parvenu au lieu où l’oracle vous a predit devoir estre la fin de vos desastres, il sera bien-tost suivy d’un second qui vous en fera recevoir l’effect.

– Madame, respondit Damon en souspirant, je voy bien que ce que vous me dictes est fondé sur beaucoup de raison. Je le croy maintenant comme vous, et de plus, que veritablement je verray bien-tost l’accomplissement de l’oracle, qui me promet qu’en Forests, je trouveray la fin de mes peines, car j’espere que la mort fera ce que l’amour n’a peu faire. – Non, non, dict la nymphe, vous devez mieux esperer que cela ; et parce que vous consulterez