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Et bien ! Halladin, luy dis-je, auray-je des armes, et des chevaux ?– Tout est prest, me dit-il, seigneur, et je croy que vous aurez esté bien servy. J’ay amené les chevaux icy et j’ay laissé les armes en un logis au faux-bourg de la ville où je les ay fait serrer. – Tu as demeuré long-temps, repliquay-je, et il s’en est peu falu que je n’aye perdu patience. Mais par ta foy, Halladin ! et par l’amitié que tu me portes, dy moy si tu n’as point de nouvelles de Madonte ? – Vous plaist-il, seigneur, me dit-il, que je vous die ce que j’en sçay ? – Tu me feras plaisir, respondis-je, car j’en suis en peine. – Je crains, repliqua-t’il, que je ne vous y mette encore d’avantage. – O Dieu ! m’escriay-je alors, c’est assez, Halladin ! c’est assez, mes soupçons sont veritables : elle est condamnée au feu pour avoir fait un enfant. N’est-il pas vray ? – Qui que ce soit, dit-il, qui vous ayt apporté ces nouvelles, il vous a dit la verité, mais comment les avez-vous sceues ? – Les pescheurs, luy dis-je, qui sont allez vendre leur pesche, me les ont dites ; mais je te conjure, Halladin, dy-moy tout ce que tu en sçais, et ne m’en cele chose quelconque. – Seigneur, dit-il, puis qu’il vous plaist ainsi, je le feray, encores que je voye bien que cette nouvelle vous desplaira autant qu’elle devroit faire le contraire.

Et lors il me raconta que, voyant combien les armuriers demandoient de temps pour faire mes armes, il creut qu’il avoit assez de loisir