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trop puissant Amour, et qui n’a jamais trouvé personne qui luy ait peu resister, sinon en fuyant, comme par despit, me chargeoit incontinent de nouveaux fers, et renouoit mes chaisnes par des nouveaux moyens, de telle sorte que je cogneus bien qu’il n’y avoit point pour moy d’esperance de liberté. En ces contrarietez, je fis des vers, desquels je me suis bien souvent consolé, lors que de semblables pensées me sont revenues devant les yeux. Ils sont tels :


Stances

Irresolution d’Amour.

I

Rompons-les, il est temps, toutes ces dures chaisnes
Qui nous serrent les mains, et sortons de prison,
Et que le sentiment de nos injustes peines
Face ce que devrait avoir fait la raison.

II

Pour souffrir ses rigueurs, il faut estre insensible,
Ou trouver des amants sans cœur et sans esprit ;
Car un homme d’esprit n’entreprend l'impossible,
Et l’homme courageux ne souffre ces mespris.